Labo VST

Laboratoire

Ville, Société; Territoire

Titre de l'article

Crise sécuritaire et contraintes d’accès au foncier dans la commune rurale de Chetimari au Niger

Auteur.e(s)

Kabirou SOULEY

Résumé

La crise sécuritaire qui sévit dans la région du lac Tchad depuis 2009 a provoqué l’une des urgences humanitaires les plus graves en Afrique. Au Niger, les premières attaques du groupe terroristes Boko Haram datent de 2015 et se poursuivent actuellement. La présente recherche est d’analyser les impacts de la crise sécuritaire sur le foncier dans la Commune Rurale de Chétimari, de la Région de Diffa au Niger.

La démarche méthodologique utilisée est axée sur la recherche documentaire, les travaux de terrain, la phase de traitement et analyse de données. Les enquêtes quantitatives et qualitatives ont été effectuées. Un échantillon aléatoire de 100 personnes, réparties en 24 femmes et 76 hommes, dans les villages de Gagamari, Boudouri et Kargamari a été déterminé.

Les résultats révèlent que plus de 85 % des personnes interrogées ont dû abandonner au moins une activité, et 85 % des éleveurs, 91 % des agriculteurs et 100 % des pêcheurs ont modifié leur activité. Les pratiques d’approvisionnement en bois de chauffe ont aussi profondément changé, particulièrement du fait de l’augmentation de la pression anthropique avec l’arrivée des populations déplacées, réfugiées et retournées. De plus, les zones boisées sont souvent les espaces contrôlés en priorité par les groupes armés et donc difficilement accessibles. La rareté de la ressource foncière provoquée par cette situation accentue les conflits dans la zone. Les raisons de ces conflits se résument aux dégâts sur les cultures selon 35 % des enquêtés, le grignotage des limites des champs (29%), l’usage des points d’eau (18%) et le vol de la récolte (18% des enquêtés). Ainsi, telles qu’elles se présentent, les mesures sécuritaires ne parviennent pas, pour le moment, à garantir le droit d’accès aux ressources foncières à de nombreuses populations dans la commune de Chétimari.

Abstract

The security crisis that has plagued the Lake Chad region since 2009 has caused one of the most serious humanitarian emergencies in Africa. In Niger, the first attacks by the terrorist group Boko Haram date back to 2015 and are still ongoing. The present research is to analyze the impacts of the security crisis on land tenure in the rural commune of Chétimari, in the Diffa Region of Niger.

The methodological approach used is based on documentary research, fieldwork, and data processing and analysis. Quantitative and qualitative surveys were conducted. A random sample of 100 people, divided into 24 women and 76 men, in the villages of Gagamari, Boudouri and Kargamari was determined.

The results reveal that more than 85% of the respondents had to abandon at least one activity, and 85% of the herders, 91% of the farmers and 100% of the fishermen changed their activity. Fuelwood procurement practices have also changed dramatically, particularly as a result of increased human pressure with the arrival of displaced, refugee and returnee populations. In addition, wooded areas are often the areas most controlled by armed groups and therefore difficult to access. The scarcity of land resources caused by this situation accentuates the conflicts in the area. The reasons for these conflicts can be summarized as crop damage (35% of respondents), the nibbling of field boundaries (29%), the use of water points (18%), and crop theft (18% of respondents). Thus, as they stand, security measures are not yet able to guarantee the right of access to land resources for many people in the commune of Chétimari.