Labo VST

Laboratoire

Ville, Société; Territoire

Titre de l'article

Psychologie et développement durable : quelles méthodes, quels enjeux, quels défis ?

Auteur.e(s)

Annick DURAND-DELVIGNE et Sylvie DE CHACUS

Résumé

Alors que jusque dans les années 80, le développement durable était surtout considéré sous sa dimension écologique (préservation des ressources naturelles pour les générations futures), avec les sommets de Rio de Janeiro (1992) et de Johannesburg (2002), le capital social et humain a théoriquement pris toute sa place, en conjonction avec le capital physique, financier ou naturel, dans le patrimoine à transmettre aux générations futures (Henni, 2004). Cependant, ce projet d’une durabilité sociale du développement, cette proposition de favoriser un état d’harmonie entre les êtres humains (Rapport Brundtland, 1987), se heurtent aux questions de pauvreté, de vulnérabilité et d’inégalités sociales, dans un contexte de globalisation, marqué par des migrations permanentes- dues à des pressions économiques, culturelles, militaires ou climatiques- contexte dans lequel l’Etat devient de plus en plus un lieu transitoire, temporaire et ses habitants de plus en plus apatrides (Butler et Spivak, 2007).

Notre objectif est ici de soumettre une analyse critique de la place que peut/doit occuper la psychologie dans ce champ du développement socialement soutenable et inclusif, à condition qu’elle adopte une approche intégrative et non exclusivement centrée sur l’idéologie de la méthode expérimentale.

Elle s’appuie sur une recherche participative que nous avons menée de manière collaborative en France et au Brésil, en bénéficiant de l’expertise de la chaire Unesco du développement durable de Rio de Janeiro. Les participantes à cette recherche, femmes migrantes originaires de l’Afrique sub-saharienne en France et femmes ayant dû quitter des zones rurales pauvres pour des mégapoles du Brésil, étaient, entre autres, confrontées au problème de la faible reconnaissance sociale de leur travail. Certaines s’étaient regroupées au sein de centres communautaires ou d’associations, en lien avec le commerce solidaire et équitable, afin d’accroître à la visibilité et le développement de leurs activités d’artisanes et/ ou de commerçantes.

Cette réflexion épistémologique réinterroge les concepts de participation et d’empowerment ainsi que leurs possibles mises en œuvre par la psychologie pour des interventions éthiquement productives.

Abstract

While until the 1980s, sustainable development was mainly considered in its ecological dimension (preservation of natural resources for future generations), with the summits of Rio de Janeiro (1992) and Johannesburg (2002), social capital and human capital has theoretically taken their place, in conjunction with physical, financial or natural capital, in the heritage to be passed on to future generations (Henni, 2004). However, this project of social sustainability of development, this proposal to promote a state of harmony between human beings (Brundtland Report, 1987), comes up against questions of poverty, vulnerability and social inequalities, in a context of globalization, marked by permanent migrations – due to economic, cultural, military or climatic pressures – a context in which the State becomes more and more a transitory, temporary place and its inhabitants increasingly stateless (Butler and Spivak, 2007).

Our objective here is to submit a critical analysis of the place that psychology can/should occupy in this field of socially sustainable and inclusive development, provided that it adopts an integrative approach and not exclusively centered on the ideology of the experimental method. .

It is based on participatory research that we conducted collaboratively in France and Brazil, benefiting from the expertise of the UNESCO Chair in Sustainable Development in Rio de Janeiro. The participants in this research, migrant women from sub-Saharan Africa in France and women who had to leave poor rural areas for megacities in Brazil, were, among other things, confronted with the problem of the low social recognition of their work. Some had grouped together in community centers or associations, in connection with solidarity and fair trade, in order to increase the visibility and development of their activities as craftswomen and/or traders.

This epistemological reflection re-examines the concepts of participation and empowerment as well as their possible implementations by psychology for ethically productive interventions.